Les lapines produisent jusqu’à 15 litres de lait par an. Cette lactation n’a rien d’anecdotique : riche en protéines thérapeutiques, ce lait permet de fabriquer un vaccin contre le rotavirus, responsable de diarrhées aiguës, qui, selon l’OMS, tuent plus de 475 000 enfants de moins de 5 ans chaque année dans le monde, particulièrement dans les pays en développement.

D’autres types de vaccins sont déjà en cours de test mais leur efficacité sur les souches africaines est inconnue, et ce sont des solutions conventionnelles : le virus est atténué ou désactivé grâce à un processus chimique, dont l’efficacité n’est pas de 100 %. Reste donc la solution élaborée par des chercheurs du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) avec l’INRA (Institut national de recherche agronomique) et la société Bioprotein Technologies. Le principe : un vaccin « recombinant » dénué de toute virulence, basé sur deux gènes de l’enveloppe du rotavirus que l’on injecte à des foetus de lapines. À l’état adulte, celles-ci produiront un lait vaccinal, qui contient des protéines identiques à celles extraites du virus et permet de stimuler le système immunitaire, en éliminant totalement le risque infectieux chez le patient.

Les essais menés sur des rongeurs ont été un succès. Reste maintenant à passer à la phase de test sur des singes, avant les essais cliniques sur l’homme, ce qui prendra plusieurs années. Le choix de la lapine n’est pas un hasard : l’INRA travaillait sur les rongeurs depuis des années. D’autres essais ont été réalisés aux États-Unis avec des vaches ou des chèvres, mais leur taux de reproduction est plus bas et leur temps de gestation est plus élevé.